Nous avons quitté la cité à l'aube. Comme une de nos monture semblait boiteuse, nous n'avons pas risqué de poursuivre notre route plus loin que la forêt de Shamer. Et je dois dire que contrairement à ce que je pensais, les gens du petit village de Suie nous ont fait un bon accueil jusqu'à ce que Kirielle, une soldate trop bavarde leur annonce que j'étais intendant de Sisnos.

Car à quelques lieues du lac de Masrès, tout près du petit village du nom de Suie cette vaste forêt de conifère dont je je pouvais admirer la lisière depuis l'auberge semble occupée par une bande de vagabonds d'un certain âge que les gens aiment appeler précepteur de la nature. Je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer que nos pauvres ouailles croient dur comme fer que ces druides font d'excellents précepteurs pour leurs plus jeunes enfants dont l'intelligence n'a pas été remarqué par nous autres; intendants du royaume. J'ai cru tout d'abord à une farce ! Des mendiants dans une forêt qui enseigneraient de l'arithmétique et des lois de Gorion gratuitement.

Mais comme j'avais l'air de vexer mon interlocuteur qui n'était autre que le garde forestier le plus ancien de la région, je me suis rassis et j'ai écouté ce qu'il voulait bien échanger contre un peu de pain et du poisson du lac. Il m'a raconté que les druides d'ici proposent une autre éducation que celle que nous offrons à Sisnos. Elle est certes plus dure mais aussi plus universelle. D'après lui, les druides obligent leurs élèves à vivre une année entière dans la forêt de Suie. Ils leur inculque leur façon de penser à des phrases comme celle-ci : si vous ne pouvez pas changer votre environnement, vous pouvez changer la perception que vous en avez de lui. Le dernier homme qui m'avait dit cela était un grand négociant de la cité dépassé par ses responsabilités et plus stressé que le poisson que nous avions tiré du lac ce matin.

Le garde forestier m'a assuré que leur enseignement valait de l'or et qu'il avait lui même apprit à réfléchir sur des choses qui paraissent futile à la plupart des hommes de Tadil. Je lui ai répondu que la plupart des gens de Tadil croyaient que la forêt de Shamer était pillée par des faucheurs et que d'après moi ces druides n'étaient rien d'autres que des faucheurs égarés, en exil qui tenteraient de corrompre l'esprit des jeunes gens des environs avec toute sorte de sempiternelles prouesses magiques. Mais je crois en y réfléchissant que j'avais tord ! L'homme a répondu qu'effectivement beaucoup de magiciens vivaient dans les environs mais que la forêt était tellement vieille et dangereuse que de toute façon les seigneurs ne devraient pas s'y risquer pour espérer aligner un nouveau buste dans la salle de chasse.

Lorsque j'ai finis par lui demander comment il connaissait si bien les exilés de cette forêt. Il s'est levé et m'a répondu que s'il restait davantage parmi nos gens, il mettrait certainement notre vie en danger parce qu'il sentait déjà l'approche d'une menace.

Je peux vous dire que j'ai mal dormi la nuit. Mais j'ai appris que les faucheurs n'étaient pas tous si mauvais que l'on le laissait croire. Je suis encore en vie et j'en remercie Balam !